dimanche 18 février 2007

"C'est ça, l'enfer, être raté"

Je roulais en voiture quand soudain, nos regards se croisèrent.
Jusqu'ici, rien d'inhabituel:tout le monde croise tout le monde tous les jours.
Mais ce regard-là était bien différent de tous les autres. En l'espace d'une seconde, ou peut-être deux, j'ai tout lu et tout compris, ses yeux m'ont tout révélé.
C'était un jeune-homme ordinaire qui devait avoir vingt-cinq ans, un jeune-homme qui aurait pu bien être dans la même classe que moi, fréquenter les mêmes camarades que moi et obtenir le même diplôme que moi. Mais le voilà qui s'acharne à pousser un lourd étalge de friandises nauséeuses, friandises que personne n'achète en général .
Silencieux, il poussait sa brouette désespérément pour aller nulle part, traînant les pieds derrière lui, il avançait sans même prendre la peine d'éloger sa marchandise.
Les épaules lourdes, il revenait perdant de la guerre,la guerre avec ses crises d'adolescence, la guerre avec la misère, la guerre avec ses illusions...
Ses yeux criaient remords et regrets:"...si seulement je savais que je finirais en marchant ambulant, minable comme je suis...","...je serais peut-être en train d'entamer mon DEA en commerce", "...et dire que j'ai tout essayé pour qu'on me vire du lycée!","...oui, mais j'ai fait ça pour pouvoir monter mon propre projet et réaliser tous mes rêves!..","...mais voilà que ma carrière professionnelle se résume à trotter pendant toute la journée le long de cette rue,essayant de vendre ces maudits gâteaux, pour rentrer avec cinq dinars dans la poche...","...et dire que je gaspillais toute mon énergie à inventer des prétextes pour m'absenter..."
Je me rappelle qu'au lycée, beaucoup tiraient des plans sur la comète en pensant comme lui:"à quoi me serviront les études? Je ferais mieux d'épouser une étrangère qui fera tout pour que j'aille vivre avec elle.Là-bas, je mènerai la belle vie, je n'aurai ni des parents pour me gâcher l'existence, ni un patron pour me rabaisser sans cesse..."
Qu'est-ce qu'ils sont devenus?
Dans quelle voiture de luxe roulent-ils?
Ou plus probablement, devant quel four de pizzeria se consument-ils?
Je vois leurs noms défiler devant mes yeux, un sentiment pesant et étouffant me hante le coeur...

5 commentaires:

manna a dit…

loi je trouve qu'il faut de tout pour faire un monde, des marchand ambulants, des toubib, des commercant, des directeur, des prostituées, des ingenieurs et des chanteurs :)

manna a dit…

loi c'est moi :p

Iznogood a dit…

Tt à fait d'accord avec manna, peut-être a tu vu dans son regard ce que tu ne voudrais jamais être, non? Cette peur de l'échec on l'a tous très chère, si on ne l'avait pas c'est là qu'on est sûr de rater sa vie.
Qui sait, peut-être que ton marchand n'est pas si malheureux que ça, peut-être l'as tu vu dans un mauvais jours? On en a tous :)

vanilia a dit…

Je suis d'accord avec vous mais je trouve qu'à son âge, il pourrait tenter sa chance dans d'autres métiers plus "intéressants", il a encore toute la vie devant lui pour apprendre.

FarFar a dit…

il ya une histoire pareil à la tienne ke g lu ds recueil de taher el faize3 , je ne sais pas c ds mellassine story ou c black label
tiens a3mel talla houni si tu ne l'a pas encore lu , ca va te plaire normalement, c mellassine story ..
http://alakolouneyaikrima.blogspot.com/2006/10/mellassine-story-de-tahar-fazaa.html